Crédit Photo : El Moudjahid

Un cadre réglementaire et administratif attractif, des offres intéressantes, le secteur minier algérien constitue un domaine prometteur. Mais, il faut le dire, l’investissement dans ce secteur nécessite une expertise, une compétence et un savoir-faire. Les entreprises canadiennes, en particulier québécoises, du secteur minier bénéficient d’une expertise reconnue mondialement, qui peut contribuer à aider, À accompagner et À apporter des solutions concrètes à la partie algérienne dans son programme de développement minier. C’est avec grande courtoisie qu’Alain Olivier a accepté de nous accorder cet entretien autour des relations économiques entre l’Algérie et le Canada.

Quel regard portez-vous sur le marché algérien ?
Je suis vraiment impressionné par la beauté de ce beau pays. L’Algérie a des moyens considérables, des ambitions également dans le secteur des mines qui sont évidentes. La preuve étant, lorsque nous avons visité l’Office national de recherche géologique et minière (ONRGM), on a constaté que le pays est bien doté au plan des équipements. S’agissant de la formation professionnelle ou de la formation universitaire au niveau du développement des programmes, nous sommes prêts à procéder au transfert du savoir-faire. Le Québec dispose d’une expertise réelle en la matière et il existe des universités qui peuvent assurer la formation des Algériens dans le domaine minier. À titre d’exemple l’université du Québec en Abitibi-Témiscamingue est située spécifiquement dans la région minière du Québec. Ses programmes en génie minier en formation pourraient convenir aux besoins de l’industrie ici. Le centre de formation professionnelle de Val-d’Or (Val-d’Or, nom de la principale ville dans la région, productrice d’or au Québec) offre des formations de courte durée appliquées à l’industrie avec des intérêts qui sont complémentaires à ceux de l’ONRGM.

Comment comptez-vous accompagner l’Algérie dans son programme de développement, notamment dans le secteur minier ?
Concernant la coopération dans le secteur minier, je pense que cela doit être se faire à différents paliers. Au niveau proprement économique, notre mission est focalisée sur l’exploration pour mieux connaître le pays et ses potentialités ainsi que ses ressources. Ceci dit, il n’y aura pas d’annonce d’investissement. Il est important de savoir que dans le secteur minier, les investissements ce sont vraiment intensifs en capital et se font sur une longue période. Sur le plan de la formation, et en collaboration avec le ministère de l’Industrie et des Mines on va amener des représentants d’universités et d’organismes de formations en Algérie pour accompagner les entreprises. On va également inviter des délégations d’hommes d’affaires algériens pour prendre part aux foires au Québec.
A titre d’exemple une foire très importante dans les technologies est organisée tous les deux ans au début du printemps à Montréal qui s’appelle «Americana» où l’on souhaiterait avoir la présence d’entreprises algériennes.

Existe-t-il une volonté des entreprises canadiennes d’investir davantage en Algérie ?
Il y a des entreprises québécoises qui font des affaires en Algérie, et leurs activités sont variées, allant des produits alimentaires de base à l’aéronautique, dans le secteur du traitement de l’eau, en passant par les services de formation.
A titre d’exemple, SNC-Lavalin est présente depuis des décennies en Algérie. L’Algérie n’est pas différente d’autres pays, on ne peut pas venir ici une fois et s’imaginer que ça va donner des fruits. Le fait que le système règlementaire est différent du nôtre (Québec), il faut tout d’abord le connaitre. Le contexte de l’investissement fait en sorte que le choix d’un partenaire algérien dans tout investissement est crucial pour que ça se passe bien. La tenue des rencontres (B to B) a constitué certainement une opportunité pour nouer des contacts de partenaires québécois avec des entreprises où il y a une communauté de vue pour le développement que ce soit juste pour le marché algérien ou dans des essais plus larges au niveau régional ou continental en Afrique.

Il s’agit d’un grand potentiel minier qui reste largement sous-exploité. Une opportunité idoine aux entreprises canadiennes ?
C’est tout à fait ma lecture, justement le panel a été très éclairant parce qu’on réalise que l’Algérie veut développer le secteur des Mines mais cela n’a pas été constant dans le temps. Comme elle est riche en hydrocarbures, elle n’a pas développé le secteur minier de manière intense sur une longue période. Contrairement au Québec où cela fait cent ans qu’on développe les ressources et qu’il y a des infrastructures d’entreprises. Vous savez, il y a beaucoup de préjugés à propos du cadre règlementaire juridique. D’ailleurs, l’un des objectifs de la mission était de recueillir la vraie information, de renverser ces préjugés et de montrer que les ressources sont là et qu’il y a encore des efforts à faire au niveau du cadre institutionnel. Les entreprises canadiennes ont exprimé leur souhait à investir en Algérie. Nous avons des liens d’amitié, des liens via la diaspora, nous partageons notamment le français. Et on souhaite que la présence de nos entreprises durant cette mission économique puisse en amener d’autres. Pour mener le bateau à bon port, il est impératif qu’il y ait un évènement ou une rencontre annuelle sur le secteur des mines en plus des missions réciproques.

Avez-vous identifié, en plus des Mines, d’autres secteurs dans lesquels les entreprises canadiennes pourraient investir ?
Dans les technologies de l’information, dans les technologies vertes et par là, je parle plus spécifiquement du traitement de l’eau parce que l’Algérie au vu de sa géographie doit pouvoir travailler avec des ressources limités pour ses besoins. Les entreprises québécoises sont la valeur ajoutée à ce niveau-là, en particulier l’entreprise Acmi- engineering travaille dans le domaine de la qualité de l’eau à des fins industrielles. Outre, ces deux secteurs, le pays mène beaucoup de grands travaux d’infrastructures avec beaucoup de succès. Par contre, il faudrait développer l’aéronautique. Il y a une agence aérospatiale mais au niveau de l’aéronautique civile c’est un secteur qui n’est pas encore développé. Je crois que l’agroalimentaire pourrait également être un excellent secteur, notamment avec Cevital et d’autres groupes qui connaissent bien le Québec. Pour résumer, les mines, le génie-conseil, les technologies de l’information, les technologies vertes sont les secteurs prioritaires.

Le Québec a installé un nouveau bureau de représentation pour l’ensemble des pays du Maghreb. Des objectifs  précis ?
Vous l’avez bien dit, l’objectif du bureau est de couvrir l’ensemble du Maghreb. Le Québec a établi une présence au Maroc et on souhaite vivement avoir une présence éventuelle ici en Algérie. Notre premier objectif à travers ce bureau est de voir comment on peut accompagner davantage les entreprises maghrébines et également de travailler avec les hommes d’affaires particulièrement avec ceux de l’Algérie qui ont des projets au Québec. Par exemple, lorsque le Forum des chefs d’entreprise était venu en 2017 au Canada, nous sommes convenus d’organiser au moins une mission par anen Algérie. J’avais évoqué la voie internationale de l’Algérie qui est à mon avis une excellente vitrine pour les secteurs d’excellence.
L’économie institutionnelle et la relation gouvernementale, les relations universitaires, le recrutement d’étudiants et aussi la collaboration culturelle constituent une partie importante de mon travail. Le Québec a deux ententes avec le gouvernement Algérien. L’une en matière d’éducation supérieure, reconnait fait des exemptions de frais de scolarité additionnels pour les étudiants algériens du bac et de la maitrise au doctorat. Quelque 80 à 90 bourses sont octroyées sur une base régulière et sont renouvelées. Cette entente avec l’Algérie existe depuis plusieurs années. Nous avons également une entente de collaboration en matière de culture et en avril 2019, l’Algérie sera à l’honneur de la foire internationale du livre de Québec. On souhaite donc développer avec l’Algérie une relation de long terme.

Source : Le quotidien El Moudjahid